La vidéo du projet

Géographies de Papier 2020

Découverte et arpentage d'un territoire

Performance : affichage dans l'espace public

Restitution dans l'Espace Prémol

La calendrier

Géographies de papier

Regards artistiques et poétiques sur le Village Olympique de Grenoble.

Les artistes du projet

Anne-Laure H-Blanc
artiste plasticienne

Élisabeth Chabuel
poète

CALENDRIER

Ce qui s’est passé :

Écouter un poème, expérimenter des techniques, partager une conversation, écrire ensemble, du 29 juin-13 juillet les artistes Anne-Laure H-Blanc et Elisabeth Chabuel et les habitants ont régulièrement eu l’occasion de faire connaissance et de partager des temps ensemble. ; avec 4 rencontres sur le place, 3 ateliers gravure, 2 ateliers d’écriture, 2 ateliers pop-up.

 

Ce qui se prépare : Parcours sensible In-Situ

Après un arpentage sensible du Village Olympique ces derniers mois, Les artistes proposent entre septembre et décembre, 4 interventions artistiques dans l’espace public in-situ, dans le Village Olympique, au détour d’une place, sur les trajets du matin, un triptyque texte-images offert aux passants. Une invitation à un un parcours artistique sensible, dans les pas des artistes.

 

Artistes à l’œuvre – Coulisses de la création

30 novembre- 18 décembre
Espace Premol
Médiarts fait de l’espace Prémol un lieu ouvert, un lieu de création où les habitants sont invités à entrer librement, venir saluer les artistes et découvrir le processus en cours. Les artistes seront présents 2 jours par semaine.
Accueil et ateliers de groupes le mercredi-jeudi-vendredi sur réservation.

Rencontre avec les artistes, pour les partenaires, mardi 8 décembre 12h30. (merci de confirmer votre présence)

 

Exposition Géographies de papier

26 janvier au 19 mars
Espace Prémol
Dialogue poétique et plastique entre Elisabeth Chabuel et Anne-Laure H-Blanc.

Espace Prémol
7 Rue Henry Duhamel
38100 Grenoble
Secteur 6
Contacts : Frédérique RYBOLOVIECZ 06 62 70 64 13, frederique.r@mediarts38.fr

PROJET ARTISTIQUE

PHASE 1 / DÉCOUVERTE ET ARPENTAGE D’UN TERRITOIRE - Juillet - Août 2020

À l’automne dernier, suite à une proposition de résidence de création au Village Olympique par l’association Médiarts, nous – Élisabeth Chabuel écrivaine et Anne-Laure H-Blanc plasticienne – avons « arpenté » ce quartier grenoblois que nous méconnaissions. Il s’est agi, chacune avec nos médias respectifs, de nous confronter au lieu, de nous immerger et de l’appréhender dans toute sa dimension.

En cheminant dans les paradoxes de ce territoire avec à l’esprit cette phrase de Georges Didi-Huberman (1) : « Cheminer dans les contradictions et inventer pour cela sa propre voie ou voix dialectique », nous avons souhaité nous attacher aux choses mineures, au détail, à l’infime et à l’intime. Notre objectif étant de pister la trace, pour capter dans les indices qu’elle nous révèle, ce qui nous est invisible, mais qui nous donne un accès au monde visible.

Nous ne considérons pas le territoire du Village olympique uniquement comme un territoire géographique, nous le considérons aussi comme un territoire « mental », c’est à dire un territoire de la pensée et du rêve, de la mémoire ou de la réminiscence des personnes qui l’habitent ou le visitent.

Dès le premier contact, nous avons été saisies par la prégnance du vivant et de la nature (végétation luxuriante, présence de nombreux oiseaux, de chats, etc) dans un espace urbain à forte densité humaine. L’architecture et la présence d’œuvres d’art dans l’espace public nous ont également interpellées.

Nous avons aussi été saisies par le lien fort qui existe entre géographie et histoire au sein de ce territoire, où interfèrent constamment le réel et le symbolique, le proche et le lointain, l’ici et l’ailleurs. D’un côté, la montagne, notamment le Vercors : la toponymie des rues faisant référence aux grands noms de l’alpinisme et à ceux de la Résistance. De l’autre, la mer, la Méditerranée, incarnée par l’histoire plus récente du Village Olympique où depuis sa construction et son aménagement en 1967, arrivent et se côtoient des populations différentes, notamment maghrébines, puis turques, puis africaines, puis plus récemment migrantes aux origines diverses.

Ainsi l’espace-temps y est composé d’une quantité de strates sous-tendus par des récits variés et relativement complexes, que nous révèlent les nombreuses traces, empreintes, marques et stigmates laissées dans le paysage. Elles proviennent à la fois d’un passé oublié (ou refoulé) mais aussi d’événements récents comme en témoignent une trace d’incendie ayant eu lieu quelques jours avant sur un parking ou contre un mur, un graffiti, ou une inscription libre qui parle de la vie dans le quartier.

Il s’agit pour nous de capter quelque chose de ces strates en nous plaçant dans une posture d’écoute et de regard et en suspendant tout jugement. Ensuite nous tenterons de restituer poétiquement des bribes de ce que nous avons captés.

Afin de laisser simplement advenir les choses et d’être dans la seule découverte, nous avons effectué cette première plongée dans le territoire avant de nous entretenir avec des habitant.e.s ou des acteurs et actrices du Village olympique.

La saisonnalité, manière dont le temps s’exprime le plus visiblement sur un paysage s’est imposée à nous. Nous avons donc prévu de nous retrouver au Village Olympique au début de chaque saison, carnet de terrain et appareil photographique en main. La conduite de notre projet a été modifiée à cause de la pandémie de Covid mais malgré les contraintes, nous avons pu poursuivre notre recherche. Pendant le confinement, nous avons travaillé à distance, loin l’une de l’autre et loin de notre terrain, puis pendant l’été nous avons toutes deux conduit des ateliers créatifs et rencontré des habitant.e.s des différentes parties du Village olympique pour alimenter le volet humain de notre projet.

1 – Georges Didi-Huberman, Pour commencer encore,. Dialogue avec Philippe Roux, Argol, 2019, p. 99.

Rencontres et médiation avec les habitants juillet 2020

PHASE 2 / PERFORMANCE : AFFICHAGE DANS L’ESPACE PUBLIC

En ce début d’automne donc, après presque un an d’arpentage du Village Olympique, nous souhaitons restituer dans l’espace public les premiers éléments de notre recherche en proposant une série d’affichages.

L’affichage nous permet de poser quelques jalons de notre cheminement pour donner à voir un peu de notre processus commun de création.

Des affiches constituées d’un montage de deux photographies et d’un texte poétique imprimé sur du papier ordinaire seront collées sur quatre panneaux d’expression libre du Village Olympique. Nous effectuerons ce type d’affichage quatre fois, selon une temporalité mensuelle : septembre, octobre, novembre, décembre. Chaque mois faisant référence à une saison : septembre, le printemps, puis octobre l’été, novembre l’automne, et décembre l’hiver, pour signifier tout autant le passage du temps que son immobilité.

Une performance artistique est avant tout la mise en place d’un protocole, en voici la description :

  • Afficher « l’œuvre » sur des panneaux d’expression libre.
    L’affichage que nous mettrons en place se présentera sous la forme de 3 feuilles A3, 2 photos couleur et 1 texte par panneau. Il donnera lieu à 4 affichages différents dans différentes parties du Village olympique.
  • Afficher le protocole dans différents lieux de vie :
    – Afficher une note qui annonce et présente notre démarche dans différents lieux de vie (Espace Prémol, MDH, MJC, cafés, commerces, etc.) .
    – Donner la position des 4 panneaux sur un plan.

4 coordonnées GPS et un petit plan sur lequel nous aurons tracé le parcours à suivre pour aller d’un panneau à l’autre.

Bien qu’il soit possible de consulter nos affichages sans ordre prédéfini, nous proposons un ordre de lecture (lequel correspond à l’ordre de l’écriture), à suivre ou pas.
– Nommer chaque panneau.

Nous nommerons le panneau sur le plan, ainsi que sur lui-même, par exemple : Panneau Prémol, Panneau Turc, Panneau Kogan, Panneau Pupin.

Le public, habitant ou passant occasionnel, aura ainsi une idée de notre proposition et pourra à son tour s’en saisir, s’il le désire.

Notre objectif est de restituer notre création dans le lieu (ou au lieu), en différentes phases, en posant à notre tour des traces de notre passage sur le territoire, des traces de notre présence, de notre recherche, de nos regards et de nos collectes.

En tant qu’auteure et artiste, nous n’avons pas de nécessité, pas de message à porter, nous avons seulement le désir de susciter quelque chose, mettre en route la pensée, le rêve et la réminiscence. Surprendre, questionner, et peut-être provoquer des réactions de la part des passants-observateurs. Certains apposeront leur marque sur notre affichage, peut-être arracheront-ils ou caviarderont-ils notre affichage, peut-être le recouvriront-ils ? L’éventuelle apposition d’une trace, la marque d’un passage, d’un regard seront pour nous l’occasion d’une nouvelle collecte d’information et d’émotion et approfondiront notre immersion dans le territoire.

PHASE 3 / RESTITUTION DANS L'ESPACE PREMOL

Cette restitution fera partie du maillage de nos deux regards et s’intégrera dans notre « œuvre » commune finale. Celle-ci se présentera sous la forme d’une installation poétique, montage entre textes (fragments de récits, poèmes, listes) et images-traces (gravures, transferts, frottages) et constituera quelque chose comme une fiction documentaire. Le texte n’étant jamais l’illustration de l’image et inversement l’image n’étant jamais l’illustration du texte.

Seront présentés également (sous d’autres formes), les affichages mensuels que nous aurons effectués à l’extérieur, ainsi que des photos de leur évolution dans le temps. Durant les quatre mois, nous documenterons notre performance. Ceci fera également « œuvre ».

Ce que nous présentons ne peut pas être « objectif », ce n’est que le reflet de nos arpentages et des échanges entre nous deux et entre le lieu et ses quatre entités, humaine, animale, végétale et artistique). Il s’agira d’un tissage commun de nos ressentis.

Il sera nécessaire pour nous de questionner le corpus récolté, images, paroles, traces, messages, symboles, offert par un territoire et de partager ce questionnement avec tout un chacun, pour tenter ensemble d’aborder une manière poétique d’appréhender le temps et le monde.

Pour conclure nous mentionnons cet extrait d’une page de Notes sur la peinture d’aujourd’hui de Jean Bazaine cité par Georges Didi-Huberman (2)

« Cet élémentaire vers quoi nous tendons c’est – comme la Terre même – le résumé d’innombrables couches de matériaux vivants. La vraie sensibilité commence lorsque le peintre découvre que les remous de l’arbre et l’écorce de l’eau sont parents, jumeaux les pierres et son visage, et que le monde se contractant ainsi peu à peu, il voit se lever, sous cette pluie d’apparences, les grands signes essentiels qui sont à la fois sa vérité et celle de l’univers. »

2 – Ibid., p.125.